QUATRIEME PARTIE – MALTETE ET PARENT

 

LE TRAIN-JOUET ETRANGER : ASPECTS TECHNIQUES ET BREVETS D’INVENTION DEPOSES

 

 

LES TRAINS-JOUETS MALTETE ET PARENT ET LES BREVETS D’INVENTION DEPOSES

 

 

 

Création de la firme MALTETE et PARENT, quelques dates repères :

 

 

 

Parlons des jouets mécaniques dont la fabrication a pris, surtout depuis l’Exposition universelle de 1878 tenue à Paris, une extension rapide. Jusqu’au début des années 1870 une grande partie des jouets à moteur marchaient grâce à un mouvement d’horlogerie provenant essentiellement d’Allemagne. A partir de 1872 les choses ont évolué et Paris a commencé à prendre une place de plus en plus importante dans la fabrication des jouets mécaniques et à moteur, totalement montés et peints. Cette croissance a été telle que vers 1885 Paris fournissait presque tout le commerce français et anglais et une partie du commerce allemand. Les petites voitures, les bateaux mécaniques, les chemins de fer ont vu leurs prix baissés considérablement pendant le même temps et cela a été vrai aussi bien pour les jouets de bas de gamme que pour ceux de haut de gamme (souvent appelés à l’époque jouets de luxe).

 

La fabrication parisienne a suivi de près les progrès de la technique et elle a su étendre aux jouets les applications nouvelles de la science électrique.

 

Parmi les fabricants fournissant la France et l’étranger, la firme MALTETE (prénommé Charles) et PARENT (prénommé Georges, Adolphe) a occupé une place importante. C’est Charles MALTETE qui s’est lancé le premier, vers 1850, dans la fabrication de jouets mécaniques, dans un local situé à Paris, 19 rue Debelleyme (Marais). En 1876, Charles MALTETE s’est associé avec Georges PARENT pour donner naissance à la société en nom collectif MALTETE et PARENT. En 1880 a eu lieu la dissolution de cette société et c’est Georges PARENT qui a continué seul.

 

 

 

Dans l’en-tête de lettre de la firme, les jouets suivants étaient en particulier au programme :

-        spécialité de chemin de fer sifflants et fumants brevetés,

-        beaux chemins de fer sur rails circulaires brevetés (pouvant fonctionner à l’électricité ou la vapeur),

-        animaux marchants,

-        bateaux à aube et à hélice,

-        bateaux godilleurs brevetés,

-        poissons brevetés et cygnes nageant,

-        voitures hippomobiles et tramways mécaniques brevetés,

-        machines à vapeur,

-        et toutes pièces détachées.

 

Plusieurs médailles décernées aux Expositions de Paris de 1878 (Exposition universelle) et de 1881 (Exposition internationale d’Electricité) ont récompensé la firme. L’époque de gloire de cette maison couvre une vingtaine d’années de 1866 à 1887. En 1887, Georges PARENT (qui dirigeait seul depuis 1880) a quitté la direction de l’entreprise qui s’est orientée alors vers la fabrication d’autres jouets comme par exemple, à partir de 1891, des bébés animés (bébés-chaise, bébés-nourrice) et, à partir de 1902, des voitures automobiles, des tricycles et des bicyclettes pour enfants.

 

On trouve dans l’ouvrage intitulé « Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie et des arts industriels », auteur E.-O. LAMI, tome V, année 1885, pages 962 à 968 (pages 969 à 975 de la version au format pdf accessible depuis le site gallica.bnf.fr/), plusieurs passages consacrés aux jouets d’enfants où l’on parle de Georges PARENT :

 

- page 966 (ou page 973 de la version au format pdf), colonne de droite : « Pour les jouets mécaniques de luxe, M. Georges Parent occupe une place importante ; ses jouets mécaniques roulants, ses automates ont été amenés à une perfection inconnue jusqu’à présent. Chiens, chats, poules, chèvres, tous les animaux sont scrupuleusement imités ; ils marchent longtemps en aboyant, miaulant, chantant, etc ………... ».

- page 967 (ou page 974 de la version au format pdf), colonne de gauche : « Quatre fabricants ingénieurs fournissent la France et l’étranger de jouets électriques. M. Georges Parent, déjà cité pour ses jouets mécaniques, dont la compétence est témoignée par son ancienne qualité de secrétaire du Conservatoire des arts-et-métiers, a créé des nouveautés du plus haut intérêt. Appliquant le moteur Trouvé aux bateaux mus par l’électricité, il est arrivé à de véritables merveilles de bon goût et de bon marché. Les chemins de fer électriques sifflant et fumant ont fait florès il y a quatre ans, ainsi que ses tramways, animaux, etc. Le moteur électrique Froment, primitif et insuffisant, était seul employé jusqu’à ce jour ; l’application du moteur Trouvé, faite par M. Georges Parent, a amené une révolution dans cette spécialité du jouet. ».

 

Des détails sur la technologie du moteur électrique de Gustave TROUVÉ peuvent être obtenus en cliquant sur les liens url suivants :

https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Merveilles_de_la_science/Moteur_%C3%A9lectrique_-_Suppl%C3%A9ment

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Trouv%C3%A9

http://www.biusante.parisdescartes.fr/aspad/expo108.htm

 

Entre 1850 et 1887, la firme a déposé environ 14 brevets français qui se répartissent dans les domaines suivants : chemins de fer uniquement (5 brevets), jeu de société d’intérieur ou d’extérieur (3 brevets), chemins de fer ou bateaux (2 brevets), animaux mécaniques (2 brevets), bateau uniquement (1 brevet), poupées articulées (1 brevet).

 

Les inventions faites par MALTETE et PARENT dans le domaine des chemins de fer jouets ont donné lieu aux dépôts des 7 brevets français ci-après identifiés :

 

1866, MALTETE : locomotive jouet à sifflet mécanique ;

1873, MALTETE : locomotive ou bateau à fumée et à sifflet ;

1876, MALTETE et PARENT: rotation dans les deux sens de l’arbre des moteurs électriques pour locomotive ou bateau, par le déplacement du ressort par rapport à la roue avec laquelle il laisse passer ou rompt le courant électrique ;

1879, MALTETE et PARENT : jouet dit tramway trompette mécanique ou application d’un soufflet émettant un bruit de trompette aux tramways mécaniques ;

1882, PARENT : rails de chemin de fer ;

1885, PARENT : plaque tournante de chemin de fer jouet ;

1887, PARENT : rails de chemin de fer.

 

 

 

Détails des brevets MALTETE et PARENT sur les chemins de fer :

 

 

 

1) Le premier brevet vise à protéger une locomotive à sifflet mécanique et, par le mouvement de la même pièce, imitant le bruit de l’échappement.

C’est le FR 072 161, déposé le 2 juillet 1866 par Charles MALTETE et délivré le 4 septembre 1866 : il décrit et revendique une locomotive présentant les caractéristiques suivantes :

 

 

 

 

Sifflet mécanique :

(i) La came A fixée sur l’essieu moteur (mu par un mouvement d’horlogerie non représenté) fait mouvoir le levier B.

(2i) A chaque tour de roue la came A vient appuyer sur le levier B, lequel vient lever alors la partie inférieure du soufflet C et ce mouvement du soufflet envoie de l’air dans le sifflet D et fait siffler. Le sifflet D est ajusté dans la partie supérieure du soufflet ; le sifflet est en métal ou en bois.

(3i) Un contre-poids G fait descendre ensuite la partie inférieure du soufflet pour permettre la rentrée d’air.

Bruit d’échappement :

(4i) Il est lié au mouvement d’un ressort E. Ce dernier (mu également par la came A) se lève à chaque tour de roue puis retombe ensuite sur le taquet F en faisant un bruit qui imite le bruit de l’échappement.

 

 

Pour accéder au premier document brevet original FR 072 161 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

2) Le second brevet vise à protéger un jouet perfectionné (locomotive ou bateau) à fumée et à sifflet.

C’est le FR 100 587, déposé le 22 septembre 1873 par Charles MALTETE et délivré le 28 octobre 1873 : il décrit et revendique un jouet présentant les caractéristiques suivantes :

 

 

 

 

Boite à fumée :

(i) C’est la cellule A installée à la base du tuyau de la cheminée M. Elle est séparée par la cloison L de la partie renfermant le soufflet B destiné à faire fonctionner le sifflet D.

(2i) la fumée est produite par la combustion d’une pastille C (faite avec des composés combustibles inoffensifs connus en soi) placée dans le récipient K. L’air qui sert à alimenter la combustion provient des trous I percés dans la partie avant de la boite à fumée.

(3i) Le tirage est activé par de l’air qui est puisé dans le soufflet B et conduit dans la partie basse de la cheminée à l’aide de la tuyère H et cela provoque la sortie d’un panache de fumée de la cheminée.

Sifflet :

(4i) Le soufflet B est actionné par la tige F en relation avec la came E montée sur l’essieu moteur conformément à l’enseignement de brevet FR 072 161 de 1866. Ici le soufflet est maintenu en position ouverte grâce au ressort G. Lorsque la locomotive roule en avant, la fumée s’échappera par la cheminée tandis que le sifflet en fonctionnant activera le tirage de la fumée.

 

 

Pour accéder au second document brevet original FR 100 587 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

3) Le troisième brevet vise à protéger un perfectionnement amené aux moteurs électriques pour jouets, en particulier chemins de fer et bateaux, qui permet de produire au besoin la marche en avant et celle en arrière.

C’est le FR 113 358, déposé le 15 juin 1876 par Charles MALTETE et Georges PARENT et délivré le 23 août 1876 : il concerne un petit moteur électrique perfectionné ayant les caractéristiques suivantes :

 

 

 

 

(i) Ce moteur électrique est fondé sur les attractions entre les électro aimants E fixes et les multiples fers doux a portés par un cylindre mobile A.

(2i) La rotation dans le sens f (sens inverse des aiguilles d’une montre) est obtenu quand un fer doux a s’approche de l’électro aimant par son coté m.

(3i) Le changement de sens est réalisé en déplaçant, à l’aide du levier L, une pièce dite ressort R (coopérant avec les dents d’une roue B tournant en même temps que le cylindre A), de manière à changer le coté du fer doux a qui s’approche de l’électro aimant et va être attiré par lui. La rotation dans le sens contraire f’ (sens des aiguilles d’une montre) est obtenu quand un fer doux a s’approche de l’électro aimant par son coté n.

 

 

Pour accéder au troisième document brevet original FR 113 358 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

4) Le quatrième brevet vise à protéger l’application d’un soufflet trompette aux tramways mécaniques à mouvement d’horlogerie.

C’est le FR 130 490, déposé le 5 mai 1879 par Charles MALTETE et Georges PARENT et délivré le 30 juin 1879 : il décrit et revendique un tramway jouet mécanique présentant les caractéristiques suivantes :

 

 

 

 

(i) Le soufflet est activé automatiquement par le mécanisme B faisant rouler le tramway. Un petit levier F fixé sur l’axe de la roue motrice vient, à chaque tour de roue, appuyer sur la petite plaque G attachée au soufflet E et ouvre celui-ci alternativement, le petit ressort R refermant alternativement le soufflet.

(2i) Une petite « paillette » P placée à l’intérieur du soufflet détermine à chaque fermeture du soufflet un coup de trompette.

 

 

Pour accéder au quatrième document brevet original FR 130 490 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

5) Le cinquième brevet vise à protéger un nouveau procédé de fabrication de rails de chemin de fer jouet.

C’est le FR 150 014, déposé le 8 juillet 1882 par Georges PARENT et délivré le 25 octobre 1882 : les caractéristiques décrites et revendiquées dans le brevet sont les suivantes :

 

 

 

 

(i) Nouveau procédé de fabrication de rails qui permet de supprimer la difficulté qu’il y a dans la réunion parallèle des rails. Il consiste à fabriquer des segments (droits ou courbes) de deux rails avec les traverses par estampage ou repoussage.

(2i) Chaque segment est relié au segment suivant par une de ses extrémités comportant une partie basse A’ qui se glisse au-dessous du segment suivant et les deux segments assemblés sont réunis ensuite par une vis.

 

 

Pour accéder au cinquième document brevet original FR 150 014 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

6) Le sixième brevet vise à protéger une plaque tournante pour chemin de fer jouet.

C’est le FR 170 774, déposé le 22 août 1885 par Georges PARENT et délivré le 27 novembre 1887 : les caractéristiques essentielles de la plaque tournante sont les suivantes :

 

 

 

 

(i) Plaque tournante en métal fabriquée par deux pièces A et B estampées ou repoussées ayant chacune une ou plusieurs gorge(s) circulaire(s) (où sont placés des petites billes ou des galets) qui permet(tent) à la pièce supérieure de tourner sur la pièce inférieure.

(2i) Les deux parties A et B sont assemblées par un rivet central R.

 

 

Pour accéder au sixième document brevet original FR 170 774 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

7) Le septième brevet vise à protéger un nouveau type de rails pour chemin de fer jouet.

C’est le FR 182 192, déposé le 15 mars 1887 par Georges PARENT et délivré le 5 août 1887 : les caractéristiques essentielles de ces rails sont les suivantes :

 

 

 

 

 

(i) Emploi de rails reliés aux traverses T par des tenons t, t.

(2i) Emploi de goupilles G filetées avec écrous pour assembler les segments de rails.

(3i) Emploi de rails montés sur un système de colonnes jumelles.

 

 

Pour accéder au septième document brevet original FR 182 192 complet avec ses figures ……. cliquer ici.

 

 

 

Illustration d’un train de MALTETE et PARENT :

 

Les images montrant des chemins de fer réalisés par MALTETE et PARENT sont rares. Certainement le plus beau train parmi les modèles fabriqués, réside dans le jouet en tôle peinte et laiton, datant environ du début des années 1880, qui est présenté ci-dessous :

 

 

 

 

Ecartement IV (75 mm). Train animé par un mouvement d’horlogerie. Il était livré avec rails (rails d’une longueur de 60 cm chacun et joints par des vis en laiton), une plaque tournante et des personnages installés dans chaque voiture. Un sifflet, logé sous la locomotive, fonctionnait à chaque tour de roue.

[Source : (i) ouvrage de Jac REMISE et Jean FONDIN intitulé «  L’âge d’or des jouets », Edita Lausanne 1967, pages 162 à 164 ; et (2i) ouvrage de Jac REMISE intitulé « L’Argus des Jouets Anciens 1850-1918 », Balland 1978, pages 270 et 271]

)

On peut penser que ce magnifique jouet à été réalisé en intégrant dans sa structure les éléments de nouveauté conformes aux enseignements des brevets 1 (FR 072 161), 2 (FR 100 587), 5 (150 014) et 6 (170 774).

 

 

 

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