TROISIEME PARTIE – PREMIER TRAIN ELECTRIQUE

 

LE TRAIN-JOUET ETRANGER : ASPECTS TECHNIQUES ET BREVETS D’INVENTION DEPOSES

 

LA CREATION DU TOUT PREMIER TRAIN-JOUET A MOTEUR ELECTRIQUE

 

THE VERY FIRST ELECTRIC TOY TRAIN

 

 

 

SOMMAIRE : (pour atteindre chacune des rubriques, cliquer sur son intitulé)

1 APERCU HISTORIQUE

2 Thomas DAVENPORT

3 Murray BACON

4 CARLISLE & FINCH

5 QUELQUES AUTRES INVENTEURS ET CONSTRUCTEURS, AU MEME MOMENT

 

 

1 APERCU HISTORIQUE

 

 

La première idée d'un train électrique a pris corps en 1835 quand Thomas DAVENPORT (citoyen américain ; 1802-1851) a inventé un moteur alimenté par batterie, qu'il utilise à l’époque pour animer une sorte de train miniature se déplaçant autour d’une piste circulaire faite avec des rails métalliques. Il a reçu un brevet US en 1837 qui décrivait et protégeait, non pas un train électrique, mais un moteur à courant continu. Le prototype du moteur breveté est conservé à la Smithsoniam Institution de Washington.

 

 

Dans la littérature, ce sont deux autres américains, Morton CARLISLE et Robert S. FINCH qui sont crédités de la fabrication en 1897 du premier ensemble complet d’un train-jouet électrique. Cependant, c’est Murray BACON qui a breveté, treize ans plus tôt, c'est-à-dire en 1884, le premier train-jouet électrique ; malheureusement pour lui, Murray BACON a cédé son brevet à la firme Novelty Electric Co, qui est probablement son employeur et n'a jamais pris la peine de construire un train.

 

 

Au tout début du 20è siècle, les fabricants de trains-jouets ont vu arriver un autre inventeur et un compétiteur redoutable âgé de 23 ans, du nom de Joshua Lionel COHEN, devenu très vite familier à la plupart des gens sous le vocable LIONEL.

 

 

Au bout de quelques années, vers 1910, l’utilisation de l'électricité est devenue plus fréquente dans les ménages et, dès lors, la popularité des trains électriques, tant réels que jouets, a décollé. Après la première guerre mondiale ce sont les fabricants américains de trains-jouets qui ont tenu le haut du pavé car ils étaient alors moins concurrencés par les firmes étrangères et en particulier par les firmes allemandes qui faisaient profil bas. C’est pourquoi, à cette époque, les firmes LIONEL, IVES et AMERICAN FLYER étaient devenus de grands acteurs du marché des trains-jouets notamment électriques.

 

 

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2 Thomas DAVENPORT

 

 

Thomas DAVENPORT, forgeron et autodidacte à Forest Dale dans le Vermont, fait depuis 1833 des recherches avec sa femme Emily et un collègue Orange SMALLEY dans le domaine de l’électromagnétisme. Dans ce contexte, il se lance vers le début 1835 dans la construction d’électroaimants bobinés améliorés et celle d’un moteur électrique utilisable. On rapporte que, pour isoler les fils électriques, il découpait des bandes de soie dans la robe de mariée d'Emily. La source électrique utilisée est une pile galvanique VOLTA à acide faible. Il monte un premier jeu de deux électroaimants sur une roue (rotor), puis un autre jeu de deux électroaimants sur un cadre fixe. Le rotor effectue un demi-tour et il constate qu'il peut compléter le mouvement de rotation en inversant les fils d'alimentation de l’un des jeux d’électroaimants. Il conçoit aussi un collecteur segmenté de manière appropriée pour que le courant amené au rotor change automatiquement de polarité le nombre de fois nécessaires pour obtenir une rotation continue.

 

 

   

 

Ci-dessus à gauche : prototype du moteur breveté, conservé à la Smithsoniam Institution de Washington.

[Source : page 89 de l’ouvrage de Michael BRIAN SCHIFFER intitulé « The Archaeology of Science : Studying the Creation of Useful Knowledge », ouvrage rapporté par https://books.google.fr/books ]

 

Ci-dessus à droite : une autre illustration du prototype breveté.

[Source http://www.edisontechcenter.org/DavenportThomas.html ]

 

 

Thomas DAVENPORT décide de monter son moteur sur un chariot miniature (assimilable à une locomotive). Ce dernier est posé sur une piste circulaire ayant environ 1,22 m de diamètre. Le courant est fourni au chariot par une batterie stationnaire en utilisant des rails conducteurs.

 

 

   

 

Ci-dessus à gauche : un dessin ou un modèle du chariot miniature (assimilable à une locomotive) électrique.

[Source : http://ethw.org/Archives:The_Inventions_of_Thomas_Davenport ]

 

Ci-dessus à droite : une autre illustration du chariot éléctrique.

[Source : http://www.electricvehiclesnews.com/History/historyearlyII.htm ]

 

 

Une première demande de brevet a été déposée en juin 1835 à Washington, mais elle n’a pas été instruite faute d’argent de la part de l’inventeur. Mais une seconde demande a été déposée le 24/01/1837 qui a conduit cette fois à l’accord, le 25/02/1837, du brevet US n° 132. Thomas DAVENPORT a obtenu aussi un brevet anglais le 06/12/1837, le GB n° 7386.

 

Pour accéder au brevet US de DAVENPORT complet avec ses figures,       cliquer ici

 

Pour accéder au brevet GB de DAVENPORT complet avec ses figures,       cliquer ici

 

 

La presse de l’époque exalte avec emphase cette invention. Donnons en ci-après trois exemples :

 

 

Ø    Le New York Herald du 27/04/1837 proclame un commencement de révolution dans les domaines de la philosophie, des sciences, des arts et de la civilisation et précise : « The occult and mysterious principle of galvanism is now beginning to be developed in all its magnificence and energy ».

 

Pour accéder à l’extrait du journal,       cliquer ici

[Source : http://www.forgottenbooks.com/readbook_text/Electro-Magnetism_History_of_Davenports_Invention_of_the_1000174651/25 ]

 

 

Ø    Le Rutland Herald du 23/05/1837 écrit : « Nothing since the discovery of gravitation and of the structure of the celestial system, is so wonderful as the power evolved by galvanism ». Dans les journaux de l’époque, le mot « galvanism » est à prendre comme un équivalent de l’expression « magnetic energy ».

 

Pour accéder à l’extrait du journal,       cliquer ici

 

 

Ø    Un autre journal, le Madisoniam of Washington City du 23/08/1837 écrit à propos de DAVENPORT : « His name probably in a few years will stand out upon the annals of history as much more prominent than Watt, Arkwright or Fulton, as they do now above the most ordinary inventors » [Son nom probablement dans quelques années se démarquera dans les annales de l'histoire comme étant beaucoup plus important que Watt, Arkwright ou Fulton, ces derniers étant en ce moment au-dessus des inventeurs les plus ordinaires]

 

Pour accéder à l’extrait du journal,       cliquer ici

[Source : http://chroniclingamerica.loc.gov/#tab=tab_search ]

 

 

Un moteur amélioré est présenté en août 1837 : la roue portant les électroaimants a un diamètre de 15,24 cm et elle peut tourner à environ 1000 tours par minute ; ce moteur peut soulever un poids de 90 kg à une vitesse de 30 cm par minute, ce qui correspond à une puissance de 4,5 watts.

 

 

Les lacunes des piles galvaniques de l’époque condamnent son moteur face à la vapeur et DAVENPORT meurt ruiné à 49 ans.

 

 

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3 Murray BACON

 

 

Murray BACON n’est pas un personnage très connu. C’est un citoyen américain vivant à Philadelphie en Pennsylvanie . Il travaille probablement dans l’entreprise Novelty Electric Co. Il a déposé et obtenu plusieurs brevets, qu’il a cédé à son entreprise, touchant à des applications de l’électricité dont un brevet intitulé Toy Electric Railway que l’on peut considéré comme étant le premier à décrire et protéger un train-jouet électrique. Ce brevet a été accordé le 18/03/1884 sous le n° 295473 par l’Office américain des brevets.

 

Pour accéder au brevet US de Murray BACON complet avec ses figures,       cliquer ici

 

 

On reproduit ci-dessous la figure 1 du brevet qui est une vue en perspective du chemin de fer électrique jouet :

 

 

 

 

Le jouet en question se compose (i) d'une voie ferrée, de préférence circulaire, avec des traverses D isolantes, où un rail métallique A est reliée à un pôle et l'autre rail A’ à l'autre pôle d'une batterie ou d'un autre générateur d'électricité, (2i) d’une locomotive (non représentée sur le dessin) constitué essentiellement d'un chariot équipé d’un moteur électrique actionnant l'un des essieux des roues, « le courant passant d'un rail à l'autre à travers le moteur et à travers l'essieu des roues auquel elles sont reliées », (3i) une série de barres radiales B servant de soutien de la voie et comportant le circuit d’alimentation électriques des voies et (4i) un châssis central F fixant les extrémités intérieures des barres B et comprenant des prises permettant de connecter/déconnecter les pôles de la batterie aux/des rails A et A’.

 

 

On mentionnera un second brevet US de Murray BACON qui a été accordé le 18/02/1885 sous le n° 312178 et concerne un jouet électrique qui met en scène un enfant sur une balançoire.

 

Pour accéder à ce second brevet US de Murray BACON complet avec ses figures,       cliquer ici

 

 

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4 CARLISLE & FINCH

 

 

La firme CARLISLE & FINCH Co (C&F) a été fondée en 1894 par deux ingénieurs dans le domaine électrique, Robert FINCH et Morton (ou Morten) CARLISLE. Ils avaient acheté un atelier de réparation de moteurs électriques à la société GENERAL ELECTRIC (GE). La firme C&F a débuté ses activités en continuant à s’occuper de moteurs électriques dans le cadre de commandes venant de GE et d’autres clients.

 

 

Les trains-jouets ont commencé à être produits en 1896 et c’était là un moyen pour augmenter les revenus de la firme et pour utiliser des petits moteurs électriques qu'elle avait fabriqués. Les premiers matériels produits, vers septembre 1896, étaient simplement des chariots en laiton, ayant un peu l’allure de caisses de tramway, chacun mesurant environ 17,8 cm de long et 11,4 cm de haut et comportant quatre roues. Les chariots étaient disponibles dans les deux versions avec ou sans moteur. Les chariots motorisés possédaient quatre roues motrices et le moteur, qui était monté, fonctionnait sous 10 volts continus et comportait un induit à deux pôles.

 

 

Les chariots en laiton qui ont été faits avaient un châssis en bois et un toit peint en noir. Dans le cas des premiers chariots fabriqués, de grandes « étiquettes » en papier lithographiés ont été collées sur les côtés et les extrémités de chaque chariot. Sur les cotés, les étiquettes comportaient l’inscription « Electric Railway ». Dans le cas des versions suivantes, les fenêtres étaient découpées, ce qui permettait de voir le moteur dans le chariot motorisé ; de petites étiquettes avec l’inscription « Electric Railway » étaient alors collées au bas des caisses. Dans une dernière version, l’inscription « Electric Railway » était en relief.

 

 

   

 

[Source image de gauche : http://www.tcawestern.org/cf.htm ]

 

[Source image de droite : https://www.liveauctioneers.com/catalog/1398_ward-kimball-toy-and-train-collection-part-i/?pagenum=5 ]

 

 

   

 

[Source image de gauche : http://www.tcawestern.org/cf.htm ]

 

[Source image de droite : http://www.cowanauctions.com/auctions/item.aspx?id=28730]

 

 

   

 

[Source image de gauche : https://www.liveauctioneers.com/item/15362638_carlisle-and-finch-42-1903-electric-railway-trolley ]

 

[Source image de droite : http://www.cowanauctions.com/auctions/item.aspx?id=28730 ]

 

 

D’après le catalogue de l’époque, l'ensemble mis dans le commerce comprenait toujours de quoi faire un cercle de rails d’environ 1 m de diamètre ; il était vendu à un prix plancher de 3 $ et commercialisé sous la dénomination « N° 1 Complete Electric Railway ». Ce jouet est devenu rapidement très populaire. La firme C&F, après très vite avoir liquidé une première série de 500 chariots, a produit une seconde série de 1000 chariots pour les fêtes de la fin d’année 1896. Un autre groupe de 3000 chariots a été fabriqué au printemps 1897.

 

La revue Scientific American a publié à plusieurs reprises des publicités pour aider le développement des trains électriques de C&F dans le monde du jouet ferroviaire. Nous donnons ci-après deux exemples de pareilles publicités. Une première publicité publiée le 22/05/1897 (volume 76, numéro 21) montre le « Complete Electric Railway » vendu au prix de 3 $. Une seconde publicité publiée le 30/10/1897 (volume 77, numéro 18) montre un « Electric Railway » à deux bogies, vendu entre 3,5 et 6,5 $.

 

 

 

 

Ci-dessus : première publicité publiée le 22/05/1897

[Source : http://onlinebooks.library.upenn.edu/webbin/serial?id=sciam ]

 

 

 

 

Ci-dessus : seconde publicité publiée le 30/10/1897

[Source : http://onlinebooks.library.upenn.edu/webbin/serial?id=sciam ]

 

 

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5 QUELQUES AUTRES INVENTEURS ET CONSTRUCTEURS, AU MEME MOMENT

 

 

Il y a plusieurs documents au caractère pathétique existant dans la littérature américaine dans lesquels Thomas DAVENPORT est célébré comme l'inventeur du moteur électrique. Cette affirmation est basée sur des faits incontestables et DAVENPORT est bien le premier citoyen américain qui a créé un moteur électrique utilisable et surtout a obtenu le premier brevet pour un tel dispositif au début de 1837.

 

 

Sur le plan mondial, DAVENPORT, cependant, était loin d'être le premier à avoir construit un moteur électrique. En Europe (surtout en Angleterre, Italie et Prusse) la technologie était déjà bien avancée en 1837. C’est ainsi que trois ans avant la sortie du brevet DAVENPORT, à l'été 1834, Moritz Hermann JACOBI a présenté un moteur qui était, semble-t-il, trois fois plus puissant que le moteur amélioré mis au point par DAVENPORT en août 1837.

 

 

Ø    Moritz Hermann (von) JACOBI

 

 

Prussien naturalisé russe (1801-1874), ce personnage est un professeur qui a construit :

- en mai 1834 : un moteur électrique pesant environ 5 kg et développant une puissance mécanique d’environ 15 watts ; et

- en septembre 1838 : un moteur électrique d'une puissance de 1 cheval vapeur (735 watts) qui fut capable de propulser un bateau à roue à aubes sur la Neva, à Saint Petersbourg.

 

 

L'inducteur et l'induit sont des électroaimants en fer à cheval portés par une couronne mobile et une couronne fixe en regard l'une de l'autre. Le commutateur, appelé "gyrotrope" (?), inverse aux positions convenables l'excitation des électro-aimants mobiles. Ce moteur a été jugé finalement comme ayant un rapport encombrement/puissance inférieur à celui du moteur de DAVENPORT.

 

 

   

 

Ci-dessus à gauche : moteur de JACOBI de 1834

 

Ci-dessus à droite : moteur amélioré de 1838

[Source : http://www.eti.kit.edu/english/1376.php ]

 

 

Ø    Jéhru GARLICK

 

 

L’ouvrage intitulé « Greenberg's Guide to Early American Toy Trains » publié en 1993 enseigne (dans sa section consacrée à la firme C&F) que Louis HERTZ a indiqué dans son livre « Riding the Tinplate Rails » publié en 1944 que Jehru GARLICK (né en 1865 et créateur d’un petit atelier de fabrication de jouets à Paterson, New Jersey) a commercialisé un train électrique en 1895, c'est-à-dire un an avant la sortie du « N° 1 Complete Electric Railway » de C&F. On considère cependant que C&F reste la première firme ayant produit des trains miniatures électriques, en raison des volumes importants des jouets fabriqués par cette firme.

 

 

 

[Source : https://www.liveauctioneers.com/item/5857794_jehu-garlick-electric-1895-electric-locomotive ]

 

 

Ø    Sibrandus STRATINGH et Christopher BECKER

 

 

Dans la littérature spécialisée en matière de moteurs électriques, on enseigne encore, qu’en 1835, deux hollandais Sibrandus STRATINGH et Christopher BECKER ont construit un moteur électrique qui alimentait un petit modèle de voiture. C’était là une autre des premières applications pratiques connues d'un moteur électrique.

 

 

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